CONCLUSION

Ratia

Ce travail a tenté de répondre à la question du lien entre les rapports sociaux et la qualité architecturale entre deux modes l’autoconstruction. On a constaté que, de façon
collective, l’autoconstruction ne permettait pas d’offrir un habitat personnalisé. En effet, les maisons Castors des années 50 sont construites quasiment à l’identique. C’est lorsque les travaux se prolongent, mais cette fois-ci de façon individuelle, que l’on pourra observer une certaine qualité architecturale dans ces mêmes maisons. Il est par contre, irréfutable que construire ensemble une cité, développe une cohésion sociale entre les habitants. Cette
fraternité est encore plus accentuée dans les petits groupes, car ils sont assimilés à une sorte de grande famille partageant de belles, mais dures expériences. Il n’existe plus aujourd’hui de
mouvements collectifs d’autoconstructions. C’est la culture de l’individualisme désormais, qui domine. La sociologie contemporaine met l’accent sur le « caractère inédit » de la société
occidentale contemporaine qui se manifeste par un individualisme inconnu des sociétés anciennes. Elle a permis à l’autoconstructeur moderne de réaliser un habitat adapté à son
propre mode de vie.

A l’issu des confrontations entre des autoconstructeurs de différentes époques, on peut dire que l’autoconstruction quasi-individuelle est très difficile voir impossible. Souvent, les tâches qui nécessitent l’intervention de professionnels, sont celles qui peuvent remettre en
cause la stabilité du bâtiment : travail de terrassement et de fondation, ainsi que la charpente. Le reste peut être plus ou moins bien géré par l’autoconstructeur. Ce dernier part du principe
que, de part le fait qu’il a fait des études, sans forcément liées aux métiers du bâtiment, il a acquis la capacité d’apprendre et de réfléchir. Grâce à l’Internet, l’autoconstructeur moderne
peut se substituer à un ou plusieurs professionnels, pour des raisons économiques d’une part, mais également pour des raisons de fierté. « Psychologiquement, on vit mieux dans une maison qu’on a construit soi-même ». La participation active de l’habitant pour la conceptionconstruction de sa propre maison contribue à créer une architecture en adéquation avec son mode de vie. D’après certains architectes qui promeuvent l’autoconstruction, comme Patrick
Bouchain, « avant d’être de Haute Qualité Environnementale, l’architecture devrait être de Haute Qualité Humaine ». En clair, la « participation active » des habitants dans la construction de leur habitat, voir de leur quartier, devrait être la base du Développement
Durable au même titre que l’écologie.

En quoi les mouvements collectifs d’autoconstruction relèvent de l’utopie ?

On pourrait répondre à cette question par une autre : Peut-on aujourd’hui autoconstruire de façon collective ? Ce travail a révélé que la qualité architecturale et sociale d’une cité autoconstruite collectivement dépend fortement de la motivation des habitants. Il faut que l’autoconstruction soit un choix de vie et non juste un moyen pour se loger. Dans les années 50, les Castors étaient contraint de construire eux-mêmes leur maison, et si c’était à refaire, ils ne le renouvelleraient plus l’expérience. L’autoconstruction collective était un moyen et non une fin. C’est là où réside l’utopie.

L’autoconstructeur moderne, travaillant individuellement, fait le choix après mûre réflexion de construire lui-même sa maison (défi personnel ou plaisir de création).

En générale, pour être indépendant des structures professionnelles liées à la construction de bâtiments, les autoconstructeurs se regroupent d’une façon solidaire pour
accéder aux connaissances techniques. Les autoconstructeurs des années 50, se regroupaient en Castors et construisaient collectivement leur cité. Les autoconstructeurs modernes se
regroupent virtuellement dans des forums et des blogs sur Internet et construisent individuellement leur maison.