construire sa maison, prendre son destin en main, une alternative à la crise du logement social.
Construire sa maison et devenir propriétaire
Si en soit le principe de l’auto-construction n’est pas nouveau, c’est lorsque le projet prend une dimension collective et sociale qu’il devient original. C’est le pari audacieux que s’est lancé Charles Nicol, un retraité du bâtiment. « L’idée est née d’une question que je me suis posé il y quatre ans : Combien me coûterait ma maison si je devais la construire moi-même, tout en y intégrant les normes de performance énergétique ? » Une interrogation qui ne lui est pas venue par hasard. « En effet, elle était le fruit d’un constat sur la crise du logement actuelle et des difficultés pour les personnes à bas salaires d’accéder à la propriété. C’est alors que je me suis souvenu des projets Castors qui avaient fleuri dans les années 1970 en France et notamment à Buxerolles. En réponse à la crise du logement, des coopératives s’étaient constituées pour édifier des maisons en auto-construction. Si cela avait marché à cette époque, pourquoi ne serait-ce pas possible aujourd’hui ? D’autant que les techniques de construction ont énormément évolué et qu’il existe dorénavant des procédés simples et rapides à mettre en œuvre. » Charles Nicol a alors pris son bâton de pèlerin pour voir ce qu’offrait le marché. Il s’est mis en contact avec le Comité National pour le Développement du Bois, qui propose une méthode de construction en ossature bois destinée à l’auto-construction, et avec un négociant en bois, le groupe Rullier, pour obtenir des matériaux aux meilleurs tarifs. Au final, d’après ses calculs, il était possible d’arriver à construire une maison pour 50 000 €. Fort de cet élément, la machine était lancée.
Pour poursuivre ses démarches, Charles Nicol a alors créé une association Toit par Toi, constituée en majorité d’anciens du bâtiment. Mais entre l’idée et sa réalisation, il y a un fossé juridique important à combler. Aussi, il s’est rapproché du Conseil Régional qui dans le même temps lançait « 1000 maisons bois économes en énergie ». Celui-ci a rapidement adhéré au projet ainsi que d’autres partenaires, comme la Fondation de France, la Direction Régionale de l’Equipement ou encore Logiparc. Aujourd’hui, ces partenaires sont regroupés au sein d’une Société coopérative d’intérêts collectifs (SCIC) qui donne une valeur juridique, administrative et financière à l’initiative.
« Une réponse aux locataires de Logiparc d’accéder à la propriété »
Du fait du caractère social du projet et afin de valider l’idée, Toit par Toi a souhaité s’associer à un bailleur social. Logiparc a répondu tout de suite présent. Pour son directeur, Hervé Pinget cette initiative s’inscrit pleinement dans la philosophie de développement durable engagée par l’office HLM. « En effet, dans cette notion, il n’y a pas qu’une dimension environnementale, il y a aussi l’aspect social et économique. Ce projet collectif, à moindre coût, répond à ses objectifs. Il peut être aussi pour nos locataires à bas revenus désireux de devenir propriétaire, une réponse à leur attente. » Autre point, ce projet sera bénéfique à tous : « Nous apportons, de part notre savoir faire en construction de logements, une expertise (dimensionnement des maisons, agencement des pièces…) mais aussi un cadre juridique pour bénéficier du dispositif d’aide à l’acquisition, le Pass Foncier. En contrepartie, ce projet sera un retour d’expériences très intéressant pour d’autres opérations que nous serons amenés à réaliser en habitat économe en énergie », souligne Hervé Pinget.
Les auto-constructeurs encadrés par un chef de travaux
Par rapport au premier montant défini par Toit par Toi, le coût d’une maison en auto-construction s’élève dorénavant à 80 000 €. Cette augmentation s’explique principalement par l’intervention d’un architecte pour la conception des habitations afin de s’assurer de leur qualité et de leur optimisation dans la gestion énergétique , par l’embauche d’un chef de travaux polyvalent qui accompagnera les auto-constructeurs, le coût des assurances et autres frais annexes.
Théoriquement, les premières maisons, huit en tout, prévues sur Vendeuvre-du-Poitou, devraient sortir de terre à la fin de cette année pour un achèvement des opérations 12 mois plus tard. Concrètement, les auto-constructeurs interviendront sur toutes les phases de l’édification de l’ensemble des maisons par petits groupes, car l’idée est qu’elles avancent au même rythme. Ces derniers auront en charge la construction complète des habitations hormis les fondations. Après Vendeuvre, d’autres communes pourraient être les sites d’opérations similaires.
Trois focus ou encadrés
Vendeuvre-du-Poitou : Première commune d’accueil
« Lorsque Charles Nicol est venu m’exposer son projet, il y a plus d’un an et demi, j’ai tout de suite adhéré à l’idée en donnant mon accord de principe pour une réalisation sur ma commune, précise Henri Renaudeau, maire de Vendeuvre-du-Poitou. Le concept répond tout à fait à la politique que nous menons depuis 15 ans qui est de favoriser l’accès au logement avec des loyers peu élevés et de permettre au plus grand nombre d’accéder à la propriété. »
Dans une dimension de mixité sociale, la Mairie souhaite ainsi coupler ce projet d’auto-construction de huit maisons avec la réalisation d’une opération immobilière de quelques logements sociaux proches du centre-bourg et d’habitations en accession classique. Une volonté qui s’accompagne également d’inscrire la commune dans une démarche d’éco-habitat. « Ce sera le premier projet à caractère environnemental, j’espère qu’il servira d’exemple pour les prochaines constructions engagées sur Vendeuvre. »
Si l’idée de Toit par Toi est généreuse, la commune de Vendeuvre l’est tout autant. En effet, afin que l’opération puisse se dérouler dans le budget défini, la Mairie va revendre les terrains viabilisés à la SCIC à un montant défiant toute concurrence. « Cela représente un effort de près de 100 000 € pour Vendeuvre », conclut le Maire.
(Légende photo : Le maire de Vendeuvre-du-Poitou, Henri Renaudeau, présente le terrain sur lequel sera réalisée la première opération d’auto-éco-construction.)
Les conditions pour devenir auto-éco-constructeur
Vous n’êtes pas forcément un grand bricoleur dans l’âme. Peu importe, si vous avez la volonté et la motivation vous pouvez postuler sur ce projet.
Cependant vous devez répondre à quelques conditions :
- Etre primo-accédant (ne pas avoir été propriétaire d’un logement dans les deux dernières années) et s’inscrire dans les dispositions du Pass Foncier, c’est-à-dire que vos revenus fiscaux doivent respecter les plafonds de ressources du PSLA (Prêt social location-accession), qui donne droit à l’emprunt à taux zéro. Par le biais du Pass Foncier, les futurs acquéreurs devront faire un emprunt sur 25 ans. Le principe est qu’ils remboursent, les premières années, le coût de la maison puis ensuite le terrain.
- En outre, vous devez avoir l’esprit d’équipe.
- Autre point : Avant de vous lancer dans une telle aventure, il faut que vous ayez conscience que l’auto-construction est une activité captivante et de longue haleine, qui vous sollicitera physiquement. Il est essentiel que ce soit un projet partagé par toute la famille, car pendant 10 à 12 mois, tous vos week-ends et jours fériés seront accaparés à l’édification de votre maison. Chaque prétendant à l’auto-construction sera reçu par l’association devant un comité de sélection pour évaluer sa motivation.
Le projet vous intéresse ? Vous pouvez contacter l’association Toit par Toi au : 05 49 54 30 41 ou par mail : charlesnico free.fr
Des maisons au top en matière d’éco-construction
Sur une surface moyenne de 95 m2, ces maisons jumelles de type 3 ou 4 répondront à la classification la plus haute en matière de performance énergétique, la classe A (elle va de A à G comme pour les équipements ménagers). Ce qui, d’un point de vue consommation énergétique totale, réduira la facture pour le propriétaire de plus de 22 % par rapport à une maison traditionnelle équipée en tout électrique.
Pour cela, les maisons seront conçues en ossature bois, qui offre une très bonne isolation, sur la base des principes bioclimatiques. Ils consistent à tirer parti de l’énergie solaire : en été, l’objectif est de se protéger des rayonnements solaires (par des casquettes en façades, des pergolas…) alors qu’en hiver, le but est de conserver au maximum la chaleur dans les maisons (isolation, baies vitrées au Sud, mur de refend en béton pour une meilleur inertie…). Afin d’augmenter les performances énergétiques, les maisons seront doutées d’équipements spécifiques telles que : un chauffe-eau solaire thermique, une VMC double flux ainsi qu’un poêle à granulé.
(Légende photo : Charles Nicol, président de l’association Toit par Toi avec dans les mains la maquette d’un modèle de maison en auto-construction qui sera réalisée à Vendeuvre.)
17 Juillet 2009 : Des nouvelles de Toit par toi.
Bonjour
Vous dire combien j’ai "galéré" pour mettre en place notre projet, est une longue histoire, où la pugnacité est une vertu essentielle.
Enfin on touche au but mais
- il a fallu passer par le montage d’une société coopérative d’intérêt collectif,
- il a fallu (pour répondre aux exigences de partenaires comme la Région Poitou-Charentes) faire le choix d’une équipe technique (architecte, bureaux études Ossature bois, thermicien, économiste)
- il a fallu trouver une mutuelle d’assurance acceptant de couvrir la Responsabilité décennale et dommage ouvrage, autant de frais annexes qui grèvent le coût d’une maison.
Alors qu’on arrive à un prix d’achat des matériaux (compris l’intervention d’une entreprise sous traitante pour la dalle béton et le mur en béton banché séparant les maisons jumelles afin d’apporter l’inertie ) à 50 000€ pour un T4 de 95m2, les frais annexes représentent 30 000€ mettant la maison à 80 000€.
La municipalité de Vendeuvre du Poitou, met un terrain permettant la construction de 8 maisons avec un montage en "Pass-foncier".
Je pensais avoir fait le plus dur, mais bien qu’ayant eu une couverture médiatique intéressante pour annoncer le projet et inviter des auto-constructeurs potentiels à s’inscrire dans la démarche, je suis extrêmement déçu car les candidats n’étaient pas pléthore.
Bravo encore pour votre site, le notre était resté figé trop longtemps, il va se remettre en route ces jours prochains.
Cordialement